SCENE 67 : « En mode piano piano »
SCENE 67 : « En mode piano piano »
MISS MARYL, surgit, un sac en bandoulière, un pendentif autour du cou en forme de fleurs de Lotus
Par ici, Roberto ! Dépêchez-vous, le train va partir dans cinq minutes !
ROBERTO, qui porte un sac à dos, entre dans le wagon-restaurant en compagnie de Miss Maryl,
Je suis en mode « piano piano », aujourd’hui. Ne courrez pas si vite, Miss Maryl, on a toute l’éternité devant soi. On ne fait pas les courses au supermarché que je sache. Relax !
MISS MARYL
Le contrôleur a dit que la cabine « One love » se trouvait à coté du wagon-restaurant.
ROBERTO, pose son sac à dos et s’assoit sur un fauteuil en osier
Une petite pause douillette et je suis à vous. Mon Dieu que le temps passe vite ! Les années 2000 sont passées à toute vitesse.
MISS MARYL
J’aimerais bien poser mes bagages quelque part. Encore un effort, s’il vous plait, nous sommes proche du but. Allez ! Allez ! Debout ! On ne se désunit pas. Hop ! Hop ! Hop !
ROBERTO, assis sur un fauteuil en osier
J’ai besoin de me reposer.
MISS MARYL
Ce n’est pas le moment de faire la chochotte ! Vous vous reposerez plus tard. Allez ! Allez ! Courage ! Mon petit doigt me dit que nous ne sommes plus qu’à quelques mètres de la cabine. Hop ! Hop !
ROBERTO, assis sur un fauteuil en osier
L’heure n’est plus aux contorsions chinoises mais à la sieste qui est nécessaire pour régénérer le métabolisme. Voilà bien longtemps que les galères romaines ont coulé en Méditerranée. Ne serait-il pas temps pour l’humanité d’aborder un rythme plus « pianissimo » ? Où cours-je ? Où vais-je et dans quel état j’ère ?
DENNIS LOVERMAN, entre avec un plateau sur lequel repose 2 coupes et une bouteille de vin
Et une petite coupe de « vino fresco » pour ces messieurs dames ! C’est offert par la maison.
ROBERTO, assis sur un fauteuil en osier
Volontiers, mon ami ! (Il se saisit d’une coupe) De la musique avant toute chose !
MISS MARYL
Ce n’est pas le moment de prendre l’apéro, Roberto. On doit d’abord défaire nos bagages.
ROBERTO, lève sa coupe
« Prendre le temps de vivre,
Prendre le temps de penser,
Avant que le temps ne nous prenne
Avant que le temps ne nous entraîne
Là où nous n’aurons plus le temps. »
DENNIS LOVERMAN
A vos amours !
MISS MARYL, se saisit d’une coupe
A nos fiançailles !
ROBERTO, lève son verre et chante
« Lovin you, you, you ! Lovin you, you, you ! »
DENNIS LOVERMAN, lui sert une autre coupe
Messieurs dames, soyez les bienvenus à bord du « Rainbow train » pour vivre un pèlerinage enchanté au coeur de la Jamaïque ! Accrochez-vous, la locomotive va bientôt décoller !
ROBERTO, dégustant sa coupe de vin frais
Delicioso !
MISS MARYL, lève son verre
Je dirai même plus : delicious !
DENNIS LOVERMAN
Madame « Tu Tu Chung Ling » sera ravie d’apprendre que sa nouvelle clientèle apprécie « La Cuvée 95 » que lui a gentiment adressé son grand ami de France un certain Monsieur « Tout le monde » lequel souhaite gardé l’anonymat.
ROBERTO, dégustant sa coupe de vin frais
Entendez-vous cela, Miss Maryl ? Monsieur « Tout le monde » a tapé « pile poile » sur l’année de notre rencontre.
MISS MARYL
Une coïncidence avec la date de notre quinzième anniversaire de fiançailles. (Elle repose sa coupe sur le plateau) Vous remercierez Monsieur « Tout le monde » et Madame « Tu tu Chling » de notre part.
DENNIS LOVERMAN
Madame Tu Tu Chung Ling.
MISS MARYL
Et maintenant, si vous voulez bien m’indiquer la cabine « One Love », cher Monsieur… monsieur « tout seul », je présume…
DENNIS LOVERMAN
Je suis Dennis Loverman le majordome attitré. Je suis également chanteur à mes heures.
ROBERTO, déguste sa coupe
Est-il exact que la majorité des hôteliers, des restaurateurs et des serveurs sont chanteurs en Jamaïque. Ce ne sont pas des blagues, n’est-ce pas ?
DENNIS LOVERMAN
Les épiciers, les plombiers, les maçons sont également des chanteurs… à vrai dire, pratiquement tous les habitants de l’île chantent. Je confirme.
ROBERTO
Ravi de faire votre connaissance. Je m’appelle Roberto et voici Miss Maryl qui m’accompagne à la ville comme à l’écran.
DENNIS LOVERMAN, sert Roberto
Enchanté de faire connaissance avec des amoureux de la musique jamaïcaine.
ROBERTO
Depuis ma plus tendre jeunesse. Je le certifie.
DENNIS LOVERMAN
J’ai cru comprendre que votre compagne et vous souhaitiez prendre du repos pendant quelques jours.
MISS MARYL
Nous recherchons le silence.
DENNIS LOVERMAN
Question silence, vous allez être servi.
ROBERTO, dégustant sa coupe de vin frais
Nous sommes venus fêter notre quinzième anniversaire de fiançailles à la Jamaïque.
MISS MARYL
Il ne faut pas le crier aux oreilles de tout le monde, Roberto.
ROBERTO
Miss Maryl aime la discrétion, Mister Loverman.
MISS MARYL
C’est vrai, quoi ! N’en faisons pas tout un fromage. C’est l’une des raisons qui nous a poussé à venir sur l’île, voilà tout. Cela reste tout de même secondaire par rapport à l’objectif principal qui consistait à vivre une aventure pittoresque.
ROBERTO, déguste sa coupe de vin frais
Nous avons quitté la ville bruyante pour le grand calme de la nature.
DENNIS LOVERMAN
Question « grand calme », vous allez être servi, mes amis. On ne peut rêver plus doux comme ambiance à bord de la locomotive. Toutes mes félicitations ! (Il leur sert une coupe)
ROBERTO, déguste sa coupe de vin frais
Une occasion rêvée pour se couper du monde et faire le vide total dans sa tête, loin de la civilisation.
MISS MARYL, tire Roberto de son siège
Et si on allait voir dans notre cabine si j’y suis, Roberto ?
DENNIS LOVERMAN, les entraîne vers la sortie
Je vous y conduis sur le champ. Suivez-moi.
ROBERTO
C’est cela, allons faire une bonne sieste.
Dennis Loverman quitte les lieux en chantant…
La sirène de la locomotive retentit : « Tchouf-tchouf ! »
FIN DE LA SCENE 67