SCENE 55 : « Dîtes-moi que je rêve ! »
SCENE 55 : « Dîtes-moi que je rêve ! »
LE COMTE, à lui-même
Je crois bien que notre compagnon se réveille.
MISS MARYL
Quelque chose ne va pas, Roberto ? Un mauvais rêve ?
ROBERTO, ouvre les yeux
Plutôt cauchemardesque ! (Il regarde autour de lui) Tiens, tiens,… mais où sommes-nous, Miss Maryl ?
LE COMTE
Dans mon château volant qui vole au dessus de « Roumanywood » par temps nuageux.
ROBERTO, se lève
Dites-moi que je rêve ! Je vous croyais à Versailles, Monsieur le comte.
LE COMTE, fait tourner sa canne dans les mains
C’est de l’histoire ancienne ! (Il fait plusieurs tours sur lui-même) Comment trouvez-vous mon smoking « on ne peut plus zen », Roberto ? Ai-je l’air d’un saint à présent ?
ROBERTO
Vous partez en croisière, Monsieur le Comte ?
LE COMTE, fait tourner sa canne dans les mains
Oui, en quelque sorte. Je m’apprête à faire un numéro de haute voltige au quatre coins du monde.
ROBERTO
Bon voyage, Monsieur le Comte ! (Il s’approche de la fenêtre) Vous parliez d’un château volant… (Puis il sursaute) Dieu du ciel ! Comment se fait-il que les nuages soient si bas ? Quelque chose m’échappe… quelque chose m’échappe…
LE COMTE
Mon château de la via doré a levé l’encre récemment. Un bol d’air nous fera le plus grand bien en altitude, qu’en dites-vous ?
ROBERTO
Aurai-je manqué quelque chose, les amis ?
MISS MARYL
Bienvenue à bord de la « Renaissance 2 », Roberto ! En ce moment, nous survolons Roumanywood.
LE COMTE
Nous venons de franchir la chaîne des carpates.
ROBERTO
Je commence à avoir le vertige.
LE COMTE, lui frappe légèrement sur l’épaule
Belle vue, n’est-ce pas ? Ne vous en faites pas, Roberto,… je m’occupe de tout. Désormais, c’est moi qui tiendrais les commandes en main. Mon publique en rêvait, alors me voici « pour leur plus grand bonheur! »
ROBERTO
Quelque chose m’échappe !?… Que s’est-il passé ? Que faisons-nous dans votre château, Christophe Rodolphe « et j’en passe » ? C’est curieux tout de même… cette nuit-là, je me rappelle m’être endormi dans un hamac… non loin des allées de Versailles… juste après la « Garden party »… vous confirmez, Miss Maryl ?
MISS MARYL
Vous feriez bien de vous réveiller, Roberto… la « Garden Party » remonte à l’été dernier. Cela fait plus de trois mois que nous sommes rentrés au pays... c’est l’automne à présent.
LE COMTE
Et depuis trois mois, vous logez au frais de sa Majesté.
ROBERTO
Trois mois… au frais de sa Majesté… quelque chose m’échappe vraiment !? On ne me dit pas tout !?
LE COMTE
Mon dieu que le temps passe vite ! Vous ne trouvez pas, Roberto ? (Il lui frappe légèrement sur l’épaule avec sa canne) Allez ! Allez ! Réveillez-vous, Roberto, l’aventure continue « par delà et là pour ! »
ROBERTO
Que s’est-il passé pendant trois mois ? Je ne me rappelle plus de rien !? Quelqu’un peut-il me donner une explication ?
LE COMTE
Sachez que j’ai enfin décidé d’exprimer mes sentiments haut et fort. Mon publique doit savoir la vérité et rien que la vérité. Et nous verrons bien, mon cher Roberto, lequel de nous deux aura plus d’esprit que l’autre. La compétition a commencé. Notre cher et tendre publique va pouvoir dès lors se faire une idée sur chacun de nous, n’est-ce pas.
ROBERTO
Vous me proposez une compétition, c’est donc cela, Majesté ?
MISS MARYL
Nous nous égarons du sujet, messieurs. Eh bien, voilà, Roberto,… vous vous êtes endormi sur le fauteuil en lisant « la belle au bois dormant ».
ROBERTO
Et je suppose que vous m’avez nourri à la sonde pendant tout ce temps.
LE COMTE, se parlant à lui-même tout en dansant sur place
Au frais de sa Majesté.
ROBERTO
Avouez que tout ceci n’est pas très sérieux.
MISS MARYL
Disons que vous étiez particulièrement fatigué à votre retour de Versailles… avec toute l’énergie que vous aviez dépensée… votre numéro de l’été a fait sensation auprès de votre fan club qui s’arrachait votre chemise. Un véritable succès !
ROBERTO, s’approche de la fenêtre et contemple les nuages
Mon numéro de l’été ?
LE COMTE
Le numéro de « la belle au bois dormant. » J’en ai donc profité pour me préparer pour la compétition.
MISS MARYL
Votre succès en dérangeait certain.
ROBERTO
Je n’ai pas d’ennemis pourtant.
MISS MARYL
En réalité, je soupçonne un individu peu scrupuleux d’avoir agi en toute discrétion pendant la fiesta à l’aide d’un « eupho-Paralysateur. »
ROBERTO
Qui ? Que ? Quoi ?
LE COMTE (à lui-même), danse dans la salle en faisant tourner sa canne
Je commence, Roberto : « Les enfants sont l'avenir de l'humanité et par conséquent, leur administrer les meilleurs soins et de bonnes valeurs, feront en sorte qu'ils en feront eux même bon usage avec les générations futurs. »
MISS MARYL
L’eupho-Paralysateur possède deux fonctions : en pressant une fois, on euphorise le sujet et lorsque l'on presse deux fois, on paralyse le sujet. En général, son effet agit temporairement, mais cette fois là, il a agi pendant trois mois.
ROBERTO
Qui a commis ce crime ? Vous connaissez son nom ?
LE COMTE (à lui-même), danse dans la salle en faisant tourner sa canne
« Le rôle des adultes est de leur communiquer la douceur de vivre, le bonheur d'être ensemble, la joie de demeurer libre, le sens de la vie, l'envie d'agir, le respect des autres, leur donner de l'amour,... »
MISS MARYL
Sans doute quelqu’un qui cherche à vous voler la vedette ? Tôt ou tard, je lui mettrai la main au collet.
LE COMTE (à lui-même), danse dans la salle en faisant tourner sa canne
« Plus tard, ils communiqueront cette foi inébranlable que vous leur transmettez à l’humanité (et quelque soit votre religion ou votre appartenance culturelle ou sociale) laquelle anéantira les frontières de la différence. »
ROBERTO
Quoiqu’il en soit, je ne lui en veux pas,… puisque grâce à lui j’ai fait un très beau et très long rêve…
LE COMTE (à lui-même), danse dans la salle en faisant tourner sa canne
« Ma Maison, c'est le monde et mon jardin, c'est la terre (tous les hommes sont frères disait-il !) »
MISS MARYL
Les rêves ont parfois du vrai. Vous voulez bien nous le raconter.
ROBERTO
C’est encore trop tôt pour le raconter… plus tard, Miss Maryl,… pour le moment, j’aimerais savoir ce que nous faisons à bord de la « Renaissance 2 » ?
LE COMTE, danse tout en faisant tourner sa canne
Je vous dois une fière chandelle, Roberto. Durant votre sommeil, j’ai pu reprendre le contrôle de mon histoire. Aujourd’hui, mon fan club comprend plus de membres que vous. « Qui va à la chasse perd sa place ! »
MISS MARYL
Quelque chose me dit que vous n’êtes pas étranger à l’eupho-Paralysateur, Monsieur le Comte.
LE COMTE
C’est une accusation ?
MISS MARYL
Je vous signale que c’est vous qui avez confisqué l’eupho-Paralysateur à Monsieur Sylvestre, ce soir là.
LE COMTE
Qui ça ?
MISS MARYL
C’est cela, moquez-vous de moi.
ROBERTO
Du calme, les amis, du calme ! Je vous écoute, Monsieur le Comte. Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?
LE COMTE
Je n’y suis pour rien dans cette histoire. N’insistez pas.
ROBERTO
Répondez-moi !
LE COMTE
Je vous signale que j’ai déjà commencé, Roberto ! Saurez-vous relever le défi ? Et nous verrons alors lequel de nous deux enchante le plus le publique !
ROBERTO
Je refuse le duel, Monsieur le Comte. J’ai d’autres chats à fouetter ces temps-ci,… à commencer par une question qui me taraude : êtes-vous responsable du syndrome de « La belle au bois dormant » ? Et si oui, pourquoi avez-vous agi de la sorte ? Dans quel but ?
LE COMTE, danse dans la salle en faisant tourner sa canne
« Il suffit de très peu de choses pour être heureux dans ce monde et rendre heureux quiconque, l'argent n'achète pas tout, elle n'achète sûrement pas la paix et le respect d'autrui. » (Il frappe sur le sol avec sa canne)
FIN DE LA SCENE 55