SCENE 53 : « Le mot de passe »
SCENE 53 : « Le mot de passe »
De nos jours… en octobre… l’action débute à Santiago Del Estero en Argentine…
SYLVESTRE, un ordinateur portable sous le bras, se tient devant la porte de la Segnorita Adriana qui ne répond pas
« Bonjour ma petite dame ! (Il s’adresse à la Segnorita Adriana avec l’accent du midi de la France) Comment allez-vous ? La Segnorita Adriana est-elle prête pour effectuer un grand voyage avec Roberto et ses amis de longues dates ?... Préparez-vous, ma petite dame, nous allons bientôt décoller pour une aventure merveilleuse, comprendo ? (Un temps) Mademoiselle se fait désirer, c’est bien cela ? »
LA SEGNORITA ADRIANA, derrière la porte
Je ne peux pas partir, je dois rester avec les élèves de la banda del sol qui ont besoin de moi.
SYLVESTRE, avec l’accent du midi, de l’autre coté de la porte
Pour quelques jours seulement… je vous promets qu’ils ne s’apercevront de rien.
LA SEGNORITA ADRIANA, derrière la porte
N’insistez pas, Monsieur…
SYLVESTRE, avec l’accent du midi, de l’autre coté de la porte, retire sa casquette jaune et la salue à la façon d’un mousquetaire
Permettez-moi de me présenter, ma jolie : je suis Sylvestre, un grand ami de Roberto. Nous avons « chatter » ensemble l’hiver dernier sur internet. Comme prévu, je suis venu en Argentine tout spécialement pour vous rencontrer.
LA SEGNORITA ADRIANA, derrière la porte
Vous êtes un plaisantin, Monsieur Sylvestre, je ne vous crois pas.
SYLVESTRE, avec l’accent du midi, de l’autre coté de la porte
Je vous jure que c’est la vérité !
LA SEGNORITA ADRIANA, derrière la porte
C'est vraiment vous, Mister postman ?
SYLVESTRE, avec l’accent du midi, de l’autre coté de la porte
C’est bien moi, ma petite dame ! Ouvrez-moi la porte !
LA SEGNORITA ADRIANA, derrière la porte
Le « Mot de passe » , s’il vous plait !
SYLVESTRE, avec l’accent du midi, de l’autre coté de la porte
Quel mot de passe ?
PEQUEÑO, (e bébé), surgit à ce moment là avec un panier rempli de poèmes
Tu perds ton temps, mon petit monsieur,… ma tata ne t’ouvrira pas la porte.
SYLVESTRE, avec l’accent du midi, de l’autre coté de la porte
Qui va là ? Qui es-tu, petit ?
PEQUEÑO, le panier de poèmes sous le bras
Comment ça, qui je suis ? Je suis… je suis… (Il danse et chante) je suis le plus beau de tous les « Pequeño », pardi !
SYLVESTRE
Ça par exemple ! Ne me dis pas que c’est toi « Pequeño » le petit bébé qui faisait du trampoline dans le ventre de la baleine au printemps dernier. On m’a beaucoup parlé de toi, en effet.
LA SEGNORITA ADRIANA, derrière la porte
Délivre-moi de cet inconnu, Pequeño, je t’en supplie !
SYLVESTRE
Mais qu’est-ce qu’elle nous chante là ? Je ne suis pas un inconnu, je suis Sylvestre le facteur,… je suis venu de France rien que pour elle.
PEQUEÑO
Passe ton chemin, mon petit monsieur !… tu vois bien que Tata Adriana ne s’intéresse pas à toi, elle a la tête ailleurs. (Il lui montre son panier) Regarde, petit monsieur, tu as vu mes poèmes ?
SYLVESTRE
C’est pour qui tous ses poèmes ? Je peux les lire ?
PEQUEÑO, le panier à la main
Pas touche ! Ils sont destinés à Roberto… pour le concours de poésie. C’est moi qui a été chargé de les collecter auprès des élèves de la Banda del sol en l’absence de tata Adriana qui était en vacances pendant ce temps-là… d’ailleurs, elle est toujours en vacances,… tu sais quoi, mon petit monsieur ?... Tata Adriana ne m’emmène jamais avec elle en vacances. J’aimerais bien partir avec elle.
SYLVESTRE
Bénis sois-tu, Pequeño ! Tu portes en toi « les couleurs de la chance » ! Tu vas sûrement pouvoir m’aider. J’ai quelque chose d’important à te demander.
PEQUEÑO, le panier à la main
Demande toujours… on verra bien !?
LA SEGNORITA ADRIANA, derrière la porte
Allez-vous en, Monsieur Sylvestre ! Laissez mon « Pequeño » tranquille ! Vous voyez bien qu’il est sans défense.
PEQUEÑO, saute sur Sylvestre pour lui administrer un coup de poing
Ne t’en fais pas pour moi, Tata, je vais lui régler son compte à ton facteur ! Je suis le plus fort de tous les « Pequeño » !!!
SYLVESTRE, soulève le bébé dans ses bras
Mais qu’est-ce que tu fais, mon « bébé » ? Peuchère ! Mais tu es fou ou quoi ?... je n’ai pas l’intention de te faire de mal, voyons… je veux juste t’emmener en voyage. Mon petit doigt me dit que tu aimes les voyages.
PEQUEÑO, dans les bras de Sylvestre
C’est vrai, tu veux m’emmener en voyage avec toi ?
SYLVESTRE, le bébé dans ses bras
A une condition : que tu me donnes le « mot de passe ».
PEQUEÑO, dans les bras de Sylvestre
Tu ne connais pas le mot de passe, facteur ? Et pourtant, tu devrais le connaître. Depuis le temps que tu « chattes » avec ma Tata…
SYLVESTRE, repose le bé à terre
Abrège, petit, abrège,… je suis pressé.
PEQUEÑO
Tu sais, mon petit monsieur,… j’étais à coté de l’ordinateur de tata Adriana cet hiver… je sais tout sur ta relation avec elle… j’ai tout entendu…
LA SEGNORITA ADRIANA, derrière la porte
Ne lui dis rien « Pequeño »,… ne lui dis rien !!!
PEQUEÑO
Le pauvre petit monsieur ! Si tu voyais la tête qu’il fait, tata Adriana…
SYLVESTRE
C’est quoi le mot de passe, mon bébé ? Tu veux voyager avec moi, oui ou non ?
PEQUEÑO
A ton avis, mon petit monsieur,… elle tapait quel mot sur son clavier ma tata l’hiver dernier ? Tu ne t’en souviens plus ?
SYLVESTRE
Un instant, mon bébé… je réfléchis…
PEQUEÑO
Elle a adressé le mot de passe à tout le monde.
SYLVESTRE
J’ai trouvé ! J’ai trouvé ! Youpi ! C’est « gros bisou » !!!
LA SEGNORITA ADRIANA, derrière la porte
Ce n’était pas trop tôt, mon cher Sylvestre… cela fait trois mois que je vous attendais…
Soudain, la porte s’ouvre…
FIN DE LA SCENE 53