SCENE 88 : « N’en parlons plus »
SCENE 88 : « N’en parlons plus »
Le nuage de fumée rose se dissipe…
Nous sommes à l’intérieur du carrosse d’or qui est en route de Craiova…
Nous sommes en fin de journée… le soleil brille encore très fort…
LE COMTE, assis à coté de Sylvestre à moitié endormi, la canne à la main
ET pourtant, je la trouvais fort sympathique, Sylvestre.
SYLVESTRE, à moitié endormi
Qui donc ?
LE COMTE, qui a un œil ouvert
La Segnorita Adriana.
SYLVESTRE, à moitié endormi
Je n’ai pas envi de parler d’elle.
LE COMTE
Dommage qu’elle soit partie, j’aurai tellement aimé danser la « zamba » avec elle.
SYLVESTRE
Laissez-moi dormir, s’il vous plait.
LE COMTE
Cette femme avait du tempérament, vous ne trouvez pas ? Elle savait ce qu’elle voulait.
SYLVESTRE
Il n’empêche qu’elle m’a laissé tomber.
LE COMTE
Je me doutais que vous éprouviez l’envie d’en parler.
SYLVESTRE, endormi
N’en parlons plus ! C’est de l’histoire ancienne. Je préfère dormir.
LE COMTE
Je me doute que vous avez eu beaucoup de chagrin lorsqu’elle est partie. A bien y réfléchir, je me demande si ce n’est pas vous qui étiez indifférent.
SYLVESTRE
Indifférent à quoi ?
LE COMTE
Sans doute avait-elle besoin d’un homme qui la comprenne ?
SYLVESTRE
Vous voulez rire ! Cette femme m’a rendu dingue tout l’hiver… elle n’arrêtait pas de gesticuler dans tous les sens… il n’y avait pas moyen de l’arrêter… avec elle, il fallait toujours aller quelque part… changer de destination… pas moyen de rester en place… j’y ai d’ailleurs laissé quelques plumes dans la bagarre. Cette femme m’a épuisé.
LE COMTE
Ne la laissez pas tomber. Vous savez… être une femme libérée, ce n’est pas si facile…
SYLVESTRE
Que me chantez-vous là ? C’est elle qui m’a laissée tomber. C’est vraiment le monde à l’envers. Voilà que je suis responsable de tous les maux de la terre.
SYLVESTRE
Je préfère me coucher plutôt que d’entendre des âneries pareilles.
LE COMTE
Qu’il est difficile d’admettre ses tords ! Je ne vous le fais pas dire.
SYLVESTRE
Bonne nuit, Monsieur le Comte !
FIN DE LA SCENE 88