SCENE 25 : « Je m’éclipse sans vraiment m’écl
SCENE 25 : « Je m’éclipse sans vraiment m’éclipser »
ROBERTO, SYLVESTRE, LE COMTE
SYLVESTRE, surgit, suivi de Roberto
Ca par exemple ! Ne me dites pas que c’est vous, Monsieur Roberto ? J’étais persuadé que vous aviez levé l’ancre.
ROBERTO, porte son grand chapeau noir
Je ne pars plus, Sylvestre… du moins… je m’éclipse sans vraiment m’éclipser.
SYLVESTRE
Ça tombe bien, moi non plus. Je parie que vous êtes au courant pour sa venue ?
ROBERTO
La bête a repris du service. Monsieur le Comte a du souci à ce faire.
SYLVESTRE
Moi aussi, je vais avoir beaucoup du souci à me faire si vous restez encore ici. Un conseil : partez tant qu’il est encore temps… partez avant que je vous morde.
ROBERTO
Vous ne comprenez pas que… à la seconde même où je vous parle, la bête rôde autour du château. Je vous assure que c’est la vérité, je l’ai reconnue ! La bête est toujours aussi curieuse. Elle n’a pas perdu son flair.
SYLVESTRE, s’adressant au public
Elle est arrivée plus tôt que prévu et le bougre l’a reconnue. Ça me pose un souci, en effet. Je crois bien que je vais mordre pour de bon. (Puis il s’adresse à Roberto) La venue de la bête au château vous excite beaucoup trop, Roberto. Alors, quand c’est comme ça, il faut s’éloigner de la tentation.
ROBERTO
Sa venue chamboule tous mes plans. Savez-vous où se trouve Miss Maryl qui ignore vraiment ce dont la bête est capable ? (Il sort)
LE COMTE, surgit
“You are my love, you are my sun, you are my heart, ma Colombe!” (Il aperçoit Sylvestre) Vous êtes encore là, Sylvestre ? (Il le repousse) Fichez-moi la paix !
SYLVESTRE, lève le doigt
Une dernière faveur, Majesté. Je voudrais que « la fée des logis » me conseille à propos de l’arrosage d’une jolie rose que je viens de planter dans votre jardin. Ce n’est pas n’importe qu’elle fleur à mes yeux, je la réserve à l’élue de mon cœur.
LE COMTE, lui tire l’oreille
Vous avez planté une rose dans mon jardin sans me demander la permission ? Je considère cela comme un nouvel affront de votre part.
SYLVESTRE
Il faut bien que je m’occupe pendant le cours d’anglais. Passer d’un cours de sixième à un cours de troisième, ça risque de prendre une éternité. Je n’ai pas que ça à faire ? Je ne vous cacherai pas non plus que depuis mon retour en Languedoc, je m’ennuie à mourir. La vie de château n’est pas faite pour moi. J’ai besoin d’action. « I’ve got the beast inside! »
LE COMTE
Vos angoisses vous appartiennent, Sylvestre.
SYLVESTRE, s’agrippe à son peignoir
Je ne vais tout de même pas rester ici à me tourner les pouces. Vous savez bien que l’oisiveté est mère de tous les vices.
LE COMTE, le repousse
Raison de plus pour aller voir ailleurs si j’y suis. Adieu, Monsieur !
SYLVESTRE, s’agrippe à son peignoir
Never can say good bye, Mister Count !
LE COMTE, repousse Sylvestre avec sa canne
Je vous demande pardon ?
SYLVESTRE, s’agrippe à son peignoir
C’est impossible, je ne peux pas m’en aller sans elle. Si j’ai planté une rose dans votre jardin, c’est pour la bonne cause, comprenez-vous ?
LE COMTE, se bouche les oreilles
Je ne veux plus rien savoir. Dehors !
SYLVESTRE, s’agenouille devant le Comte en s’agrippant à son peignoir
La rose est destinée à la plus belle d’entre les belles, celle qui fit chavirer mon cœur à la fin du siècle dernier et qui ne va pas tarder à faire son retour pour les beaux yeux de son Roméo… à en juger par le E.mail que je viens de recevoir dans ma boite aux lettres. La bête va mettre tous mes sens en émoi.
LE COMTE
Une femme vous tourne autour ? C’est bien ce que je disais, plus rien ne vous retient ici. Mes hommages à Madame !
SYLVESTRE, agrippé à son peignoir
C’est bien plus qu’une femme : c’est une bête d’amour ! N’en déplaise à quiconque, je prendrai « blonde » pour épouse ! Mienne, elle sera mienne, m’entendez-vous ! Cette fois-ci, je vous défends de la toucher, Monsieur le Comte, je vous défends de l’effleurer du bout des doigts, de renifler sa chevelure d’or, de la dévisager du coin de l’œil, de lui susurrer des mots à l’oreille. J’en ferai tout spécialement mon affaire. La bête déchaîne en moi beaucoup trop de passions. Don’t touch my wife !
LE COMTE, lui tape légèrement sur l’épaule avec sa canne
Vous sous-entendez par là que je la connais ?
SYLVESTRE
Elle est connue comme le loup blanc. Vous savez très bien de qui je veux parler. « Chasse gardée », mon Seigneur !
LE COMTE
Mais qui donc est cette bête d’amour qui déchaîne tant de passions chez vous ? Je ne vois vraiment pas !? Et puis, je m’en contrefiche. Sortez !
SYLVESTRE
Autrefois, ses yeux revolver vous clouaient au sol. « Do you remember, Mister Count ! » She’s a beautiful girl ! Elle viendra se jeter dans mes bras « To night ». « Don’t touch my wife », sinon je vous mords !
FIN DE LA SCENE 25